Dans Tristan, Gottfried de Strasbourg pose l'amour de l'homme et de la femme en absolu, faisant ici résolument face à la mystique bernardine du Christ et au Cantique des Cantiques.
Sa démarche solitaire présente l'éros comme substance de la vie, fin en soi, sans un but en dehors de lui, à la fois comme souffrance suprême et suprême béatitude et surtout comme parfaite exclusivité.
En érigeant Tristan et Yseult en doctrine ésotérique Gottfried de Strasbourg décrit la passion (leidenshaft) suprême ne faisant qu'un avec la souffrance (leiden) absolue.
On peut comprendre cela dans le double sens instinctif et chrétien. A sa manière Claudel jouera volontiers de ce thème.
Tout ceci ne peut être réalisé qu'à l'image d'une mystique d'amour et de douloureuse passion, dans cette tradition du Cantique qui avait culminé dans son commentaire par François.
Gottfried de Strasbourg mettra a profit mais dans qu'elle vigoureuse inversion - les trésors de la contemplation monastique. La forêt sauvage où se cache les amants est à mettre en parallèle avec la vie des moines solitaires...
L'alimentation réciproque des deux amants par leur simple contemplation amoureuse répète le mysterium et le miracle de l'Eucharistie. Pour lui tout ce qui est profane est sacré car tout ce qui est chrétien est absorbé dans le mysterium de l'éros.
Source principale : Hans Urs von Balthasar,
La Gloire et la Croix, Les aspects esthétiques de la révélation,
4 Le Domaine de la Métaphysique
*** Les héritages,
tome 86 tr. Givord, Aubier Théologie, Paris 1983
A partir du même ouvrage, une analyse de :
Nicolas de Cuse
Marsile Ficin
Léon l'Hébreu
Giordano Bruno
Göttfried de Strasbourg
Paul Claudel
Comte Anthony de Shaftesbury
Friedrich Hölderlin
Goethe
Rainer Maria Rilke
Heidegger
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