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L'Ancienne Alliance

Notes d'après Balthasar,

Dans le premier des deux tomes consacrés à la théologie, Hans U. von Balthasar nous permet de parcourir les différentes étapes qui marquent l'Ancien Testament, livre après livre, à la recherche des manifestations de la gloire de Dieu.

Les premières théophanies sont marquées d'abord par le ravissement de la créature au dessus d'elle-même. Plus on rencontre la gloire de Dieu, plus on veut la célébrer. Plus l'homme pénètre le caractère ouvert de Dieu, plus il comprend la grâce comme grâce, plus il comprend le caractère divin de Dieu, plus il lui apparaît que l'amour de Dieu dépasse le compréhensible (cf. p. 14) "Du point de vue chrétien, le chrétien ne rencontre son prochain que lorsqu'il a éprouvé dans la crainte de Dieu quelque chose de la dimension du tout autre de l'amour de Dieu et lorsqu'il tente d'aimer humblement son prochain en tendant à cette dimension inaccessible (cf. p. 15).

La gloire de Dieu lui apparaît avant la Parole comme le montre les récits du buisson ardent, du mont Thabor,...

A travers les manifestations dialectiques de la nuée et du feu, la gloire que l'on ne peut voir de face et celle que l'on ne voit que de dos, font apparaître par différence la non-sainteté de l'homme et le conduise au cri "éloigne toi de moi, car je suis pécheur".

De la gloire provient la loi, grâce suprême pour être juste et habiter dans le domaine de Dieu.

Cette gloire n'est pas réservée à Israël souligne Balthasar, rejoignant ainsi Dupuis. Même les mythes, les philosophies, et les créations poétiques peuvent contenir en eux-mêmes un pressentiment de la gloire divine.

Les formes mythiques et philosophiques sont dépouillées et deviennent un moyen de révélation du Dieu vivant.

Quel est le sens de la Gloire de Dieu ? L'hébreu "Kabod" exprime pour Balthasar le prestige, la prestance, mais aussi le centre rayonnant. Est-ce applicable à Dieu ?

La force fascinante de la Gloire de Dieu conduit à la fois à percevoir sa distance et sa proximité. La manifestation sensible de sa gloire est l'indice d'une puissance absolue spirituelle et invisible.

L'évolution du peuple dans la perception de la gloire va aller jusqu'à Elie, qui fait descendre le feu mais dépasse les indices sensoriels de Dieu jusqu'à le trouver dans la brise légère (1 Rois 19).

Le Kabod se situe entre le sensible et le spirituel, mais reste une dialectique, non univoque. Le dire dans le dit révèle un peu de lui même...

Par la Parole, la puissance de Dieu n'est pas contrainte mais devient appel, le Je infini se fait proche du je fini.

Je mets ma Parole tout prêt de ta bouche et de ton coeur pour que tu la mettes en pratique souligne Deut 30,14 comme Rm 10,6.

Balthasar souligne que la distinction entre Dieu et l'homme n'est possible que parce que le ravissement permet d'établir une différence, une distance au sein même de la proximité...

La face de Dieu est lumière..., mais par cette lumière nous voyons la lumière. Voir la face quand il se tourne par grâce, voir l'arc en ciel après l'orage, être ravi comme la brise légère (Si 43), n'est compréhensible qu'à partir de la Trinité.

On voit qu'ainsi Dieu s'abaisse pour mettre en l'homme sa gloire et sa beauté (hadar). Pour G. von Rad, "le récit yavhiste de la création part de cette explication étiologique de la puissance de l'Eros comme d'un ardent désir que Dieu lui-même a suscité dans l'être humain, et il donne de ce fait, aux relations sexuelles entre l'homme et la femme la valeur de la plus grande merveille et du plus profond mystère de la créature" (G. von Rad in ThAT I p.154 trad. fr. I p. 135 cité par UvB cf. p. 86) Le mystère n'est pas seulement biologique, mais il se réalise sur le plan de la beauté humaine spécifique comme ressemblance avec Dieu. L'éros et la beauté seront désormais liés à travers toute l'obscurité du péché.

Balthasar ajoutera que le mariage n'est pas protologiquement image de Dieu, il ne l'est qu'eschatologiquement au point où il se dépasse dans le rapport virginal et eucharistique du Christ - Homme et de l'Eglise - Femme.

L'image de Dieu dans l'homme se construit, dans l'Ancien Testament, à travers les différentes figures.

Ainsi pour David, "Dieu ne reste pas seulement spectateur du jeu "dramatique". Il laisse l'homme libre d'aller jusqu'au plus extrême de ses possibilités et cependant, il dirige tout comme un jeu. A travers élections et conduites, il fait et défait des noeuds jusqu'au masque tragique de l'ancien roi au coeur saignant qui, s'il l'avait pu serait volontiers mort à la place du fils perdu. Parce que du coeur de sa souffrance, une autre souffrance encore cachée se laisse percevoir " (cf. page 101). Pour Salomon, il s'agit "d'un essai accompli par "l'image" pour militer ainsi en cette manière, en faveur de l'archétype et pour trouver le créateur bienfaisant de tous les biens créés".

Le livre des Cantiques marque à sa manière la toute puissance de l'Eros avant la chute et sans référence à Dieu...

Mais pour Balthasar, il y a correspondance entre Gn 2,25 et le Cantique.

Pourquoi une relation si pure, si ce n'est une anticipation d'une autre alliance... souligne ainsi K. Barth.

Il s'agit pour Balthasar de l'annonce du nouvel Adam et de la nouvelle Eve, non pas détaché mais en pleine incarnation historique de l'amour entre l'homme et la femme, un absolu qui a sa fin en lui-même et n'est plus soumis à aucune généalogie (cf. p. 120).

Pour Quohelet cependant, tout est vanité. "A la fin reste ce grand vent hèbèl (non pas ruah le souffle de Dieu). Mais quand le grand vent ne souffle plus, le souffle de l'Esprit saisit le vent errant de la créature et fait apparaître cette vérité : la seule chose réelle et sans équivoque est la grâce par laquelle Dieu ouvre à sa créature un espace de vie". (cf. p. 121).

Balthasar invite ainsi à relire Rm 8,18-21 : "J'estime que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous, car la création aspire à la révélation des fils de Dieu (...) avec l'espérance d'être libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu" Par cela, Balthasar introduit la grâce "xaris" qui a pour lui un double sens éthique et esthétique : "faveur bienfaisante et aspect gracieux" à travers de nombreux termes hébreux : hèn, hèsed, gedula, tob, raham, rason ... Le regard de grâce de Dieu inonde la créature de beauté... "et ce fut très bien (tob)" souligne la Genèse. La grâce est la source d'eau vive jaillissante de Dieu.

Il y a dans la Grâce, une certaine suavité si la créature est prête à la restituer (comme Abraham et son fils).

Mais la grâce suppose une mise à nu (début d'une kénose ?). La nudité dans l'Ecriture apparaît lorsque celui dont le coeur est dévoilé dans l'amour devant Dieu se dévoile à lui par Amour : un tel homme est revêtu d'éclat et de gloire. (cf. p. 130).

Dieu est lent à la colère, ce qui n'est pas pour Balthasar la révélation d'une double face de Dieu, mais plutôt que la colère est fonction de la grâce qui précède l'homme. Cette vision donne sens à la justice au sens des talents. [Je t'ai donné qu'en as-tu fait ?] La justice de Dieu n'est pas une récompense ou une punition mais elle est "immanente", valeur suprême qui laisse libre et efface la faute.

Pour Balthasar, quand le peuple s'éloigne, Dieu le permet. Qu'il se tourne vers le Seigneur et crie, alors Dieu prend pitié et envoie un prophète. La Justice de Dieu n'est pas celle des hommes. La Mispat (rectitude) de Dieu est d'un autre ordre.

Comme le souligne le psaume 85 Amour (hèsèd) et fidélité (emet) se rencontrent, justice (sèdèq) et paix (mispat) s'embrassent. Dieu aime d'un amour supra-érotique. Il ne s'agit pas d'un amour conjugal comme Osée, mais d'une Alliance, d'une élection. Dieu est pour Israël et Israël est pour le monde.

La Parole doit sans cesse, comme une source, murmurer dans le coeur et dans la bouche de l'homme pieux et le Peuple de Dieu doit tout transformer en louange et inviter le monde à participer à cette louange. C'est le grand génie du judaïsme pour Balthasar : appeler et ramener à la louange.

Le mal est conçu par différence par rapport à l'alliance.

Dieu agit seul. Il n'a pas besoin du peuple pour manifester sa grâce. La chasteté imposée à Osée est signe de l'amour supra-sexuel de Dieu, tendre... Dieu souffre des fausses passions d'Israël. Il oscille entre le châtiment et l'amour, mais c'est l'amour qui est vainqueur. "Mon coeur en moi se retourne, toutes mes entrailles frémissent (...) car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Seigneur. (Osée 11,8,9) A l'issue de ce voyage à travers l'Ecriture et les siècles, les Lamentations, puis le livre de Job nous conduisent vers des nuits plus obscures, où l'absence apparente de Dieu sont des chemins de conversion et d'espérance.

Des temps plus durs, qui se rapprochent de ce que Balthasar décrivait à propos de Jean de la Croix... L'abandon du Peuple a eu raison de la patience de Dieu, mais l'exil et la destruction du temple sont accompagnés de messages d'espérance, de la promesse d'une Alliance nouvelle.

Il y a pour Balthasar (p. 249) dans le désespoir de Job , une résignation de l'homme qui doit s'avouer vaincu devant la majesté divine "Je te connaissais par oui dire et maintenant mes yeux t'ont vu (42,5). Ils expriment la résignation d'un peuple qui n'a plus accès à la gloire de Dieu et qui reste dans l'attente. Une résignation qui ne sera que partiellement éclairée par des prophéties d'une alliance nouvelle, et par des visions d'apocalypse.

Le Deutéro-Isaïe montre cependant un Dieu qui crie lui même avec son serviteur comme crie une femme qui enfante (Is 42,14). Un Dieu qui accompagne.

Ben Sira, dans l'Ecclésiastique appellera à la redécouverte de valeurs simples : Maîtrise de soi (1,22-24), Humilité spirituelle 1,27 1,30, Amour du prochain 7,20s, Amour de soi 14,5 11-15 Pour lui, l'homme qui se rapproche du divin a en buvant de plus en plus soif car il est devenu fonction de ce qui le dépasse (24,21). Comme le note Balthasar, l'Infinité n'est pas pour lui celle de la vanité et du vide (Quohelet) mais celle d'une plénitude que l'homme n'épuisera jamais (Ben Sira 18 1-7) Alors la femme stérile et l'eunuque peuvent avoir leur plus grande fécondité dans la Sagesse (Sagesse 3,13). Et Balthasar s'interroge. Israël a-t-il jamais participé à cette gloire autrement que par une privation au delà de la manifestation fondatrice dans le désert (cf. p. 316). C'est peut-être pour cela que les derniers écrits de l'Ancienne Alliance se concentrent sur ce sang qui ne peut être répandu. L'image d'un sacrifice en substitution, l'Agneau premier né est alors reprise.

Tout meurtre rend compte au créateur. Tout coup qui frappe un être sans défense frappe le créateur à la pupille de l'oeil, note Balthasar en p. 337. Le serviteur souffrant apparaît comme une dernière figure (Is 50, 4-6). Il dit oui à Parole de Dieu et oui à tout mal venant des hommes. "Je ne me suis pas cabré, j'ai livré mon dos à ceux qui me frappaient".

Ainsi l'homme qui sacrifie devient l'agneau immolé et en cela le mystère du sang et de l'Alliance convergent sans parvenir au mystère de Jésus ! Mais ce n'est pas qu'Isaïe, mais bien tout l'Ancien Testament qui prépare la nouvelle Alliance.

L'interdiction de l'image et du sang marque l'interdiction de se forger soi-même la véritable image de Dieu qui sera le Fils de Dieu.

Déjà note Balthasar p. 350 David devant Absolon mort (Ps 22) descendait à une profondeur qui reste encore au delà de la souffrance. Il s'agit d'un élément caché qui se passe entre Dieu et le coeur de l'homme. La forme modelée par le Dieu de l'alliance est destinée à entrer dans la forme définitive de la révélation de la gloire de Dieu en Jésus Christ.

Les formes, les figures, les flèches indicatives de l'Ancienne Alliance (dont la pointe aiguë est le Serviteur de Yahweh) demandent une incarnation encore beaucoup plus charnelle.

Tout l'Ancien Testament reste indispensable dans la logique de la Révélation à l'intelligence du mystère du Christ. C'est la somme de la révélation qui révèle une vision complète de la Gloire que Dieu veut nous révéler en Christ.

Source :

Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix.
La Gloire et la Croix, 4 Théologie * Ancienne Alliance Aubier Théologie, traduit de l'allemand par René Givord, ISBN 2 7007 343-X Copyright Editions Montaigne 1974. Version allemande Herrlichkeit, eine Theologische Aesthetik. Band III 2.

 

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