J'ai découvert M. Rondet dans un article publié dans la revue Etudes, repris p.30ss de cette ouvrage. Il affirmait en substance que l'homme en recherche ne voulait pas qu'on le conduise dans un port mais qu'on l'accompagne dans des chemins... Cet article est à l'origine de ce site et je ne peux omettre de rendre hommage dans cette introduction à son ouvrage sans souligner cette paternité.
Pour Rondet toute rencontre avec Dieu doit être "Un je qui suscite en face de lui un Tu". Il souligne (p.37) que la mystique chrétienne est fondamentalement une mystique nuptiale, non dans le sens de fusion mais bien au sens d'une communion dans le respect des différences.
Le salut chrétien n'est pas une conquête, il est l'accueil d'un don.
Il faut (p.49) "retrouver et mettre en valeur cette dimension corporelle de notre agir chrétien".
"Dieu qui a renoncé à être tout pour un autre existe en face de lui. Un autre qui a l'autonomie d'une véritable attente mais qui est appelé à une rencontre. Sa vocation profonde : ce sera d'accueillir le Verbe qui viendra l'accomplir." (p.57).
Dieu est amour ou plus radicalement Dieu est en lui-même dialogue, relation, partage : telles sont sa nature et sa perfection. Et de fait, ajoute-il, si l'homme peut espérer rencontrer Dieu, c'est bien parce que Dieu est en lui-même dialogue, accueil, communion, partage. Il se rend même vulnérable à la rencontre.
En un sens, pour Rondet, dire oui au Père en disant oui à la vie qu'il aime et dont il est la source, c'est accueillir la vie comme un don, une promesse, un appel. Mais c'est aussi offrir sa vie avec le Fils pour la réussite de l'oeuvre du Père qui est la "divination" de l'homme. Faire de sa vie un pain partagé pour le Père et pour ses frères. Enfin avec l'Esprit, nous sommes appelés à vivre la passion de faire communier ce qui est différent, de tisser des liens de communion entre tous.
Rondet rappelle d'ailleurs cette phrase admirable d'Etty Hillesum : "Nous devons défendre votre lieu d'habitation en nous jusqu'à la fin".
A la suite d'Hans Jonas, il nous faut sortir du Dieu immuable pour aller vers une notion de Dieu souffrant, Dieu en devenir, un Dieu qui se serait dépouillé de sa puissance en faveur de l'homme.
Pour Jonas, Dieu s'est dépouillé de tout pouvoir d'immixtion, dans le cours des choses, il est en retrait, en auto-limitation.
Dieu peut-être absent du Temple, mais il reste présent dans les chemins de l'homme...
La mystique découvre Dieu non pas comme la réponse dont ils avaient besoin mais comme la promesse qu'ils n'espéraient pas. Pour Rondet, un "oui sincère reste dans nos vies un moment d'éternité que le Père sera consacrer".
Il nous faut pour cela entrer dans le silence qui n'est pas tendu vers une étincelle divine intérieure mais vers une mise à l'écoute de la Parole.
Une parole qui confronte nos désirs avec l'Universel (p. 149).
Tout projet chrétien doit être pensé à partir de la situation du plus pauvre et si possible avec lui.
La charité selon l'esprit réalise l'universel dans le particulier.
A lire absolument.
Michel Rondet,
Ecouter les mots de Dieu, Les chemins de l'aventure spirituelle,
Bayard, 2003
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