3°/ La vie de l'Esprit dans la communauté de l'Alliance
La communauté monastique a pour fondement Jésus-Christ. Comme toute fraternité ecclésiale, elle est une réalité vivante de l'Esprit donnée par Dieu, elle est un don du Père. Celui qui désire entrer au monastère désire vivre cette vie, s'insérer totalement dans un groupe d'hommes qu'il n'a pas choisis, et qui ont déjà une histoire commune ; l'humilité et l'obéissance vont le conduire peu à peu vers la joie de l'espérance.
a) l'humilité
La communauté de ceux qui croient au Christ dans l'Esprit repose sur l'humilité qui situe en vérité devant Dieu et devant les frères. Il ne nous est pas demandé de nous croire le dernier des derniers, mais d'être dans le vrai, de juger d'après le vrai critère qui est le degré de foi donné par Dieu à chacun.
L'humilité, fruit de l'Esprit, nous permet d'entrer en relation vraie avec nos frères, parce qu'elle nous dégage de notre suffisance, elle nous délivre du repliement de notre coeur, en nous conduisant dans la vérité de nous-même. Elle est à l'image de l'humilité de Jésus qui est tout accueil, qui nous partage sa vie divine en s'approchant de tout homme et de tout l'homme, proposant à chacun la grâce de l'Esprit sans l'imposer.
L'humilité demande d'être à l'écoute. Pour accueillir le coeur de Jésus, il faut aussi l'écouter, l'écouter à travers sa Parole de vie, mais aussi à travers le coeur des frères. Ecouter l'autre n'est pas évident : cela requiert un grand silence intérieur, une attention à Dieu toujours présent, d'où peut naître et renaître une parole de paix.
Quand Dieu nous parle dans notre silence, il nous dit son amour, il s'épanche en nous. Notre parole doit aussi être reçue dans le silence d'autrui, comme une expression de notre présence aimante. Le même Esprit nous met à l'écoute de Dieu et de nos frères, ouvre notre coeur au silence ou à la parole, suscite, par-delà la juste mesure dans le partage, la communion des personnes.
Accepter de rencontrer autrui malgré nos a priori, nos répulsions, suppose que l'Esprit libère en nous un désir, un espace de profonde humilité, une capacité nouvelle de dépassements : « soyez accueillants les uns pour les autres comme le Christ le fut pour vous » (Rm 15, 7). Au-delà de notre orgueil et de nos peurs, il y a la gratuité de l'amour, à l'image même de celle de Dieu.
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