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Le conflit, échec ou défi ?

par Danièle Balmelle, conseillère conjugale de l'A.F.C.C.C

Les crises et les conflits sont inévitables dans le couple. Si la confiance en l'autre demeure, ils sont une occasion de progresser.

Comment parler de crise, de conflits dans le couple sans trop alarmer, sans dramatiser mais en permettant de mieux comprendre et de réagir de façon constructive ?

Toute vie est une lutte contre la mort. Si, pour les chrétiens, le Christ a vaincu la mort et ouvert cette voie d'éternité inaccessible à l'homme, il n'est pas venu le faire en supprimant la lutte. La condition humaine implique au plus profond de soi ce combat de la vie contre la mort, du bien contre le mal, de l'amour contre la haine. Chacun doit prendre sa destinée en main en défrichant en lui, en repérant ce qui donne vie et ce qui porte la mort, le bon grain et l'ivraie inextricablement mêlés. Il est parfois bien difficile de trouver la juste attitude entre ce qui semble nous faire du bien en libérant des mouvements agressifs incontrôlés et ce qui, en les refoulant, nous tue à petit feu ! Toute crise est le signe d'une confusion plus ou moins intense dans la régulation entre nos demandes affectives, nos désirs et les valeurs qui nous animent. Il est normal que les épreuves nous mettent mal à l'aise, entament notre sérénité, fragilisent notre sécurité et révèlent notre vulnérabilité. Mais, quand elles ébranlent notre équilibre, la crise est là, et il nous faut reconstruire un équilibre neuf pour retrouver le dynamisme de la vie.

Ce qui est vrai à l'échelle de l'individu, l'est aussi pour le couple qui s'engage dans la durée. Il passe par la confrontation des différences, des oppositions et par le rééquilibrage des relations, des pouvoirs, des plaisirs et des contrariétés qui évoluent selon les événements et les périodes de la vie.

L'élan amoureux naît souvent d'une sensation d'un sentiment de reconnaissance, de connivence mutuelles : avoir rencontré quelqu'un avec lequel une intimité profonde serait donnée immédiatement. La jouissance de cet état est telle qu'elle nous pousse souvent à gommer plus ou moins consciemment tout ce qui viendrait l'entraver : ne pas vouloir regarder l'autre, l'élu, dans ce qui peut nous déranger de son histoire, de sa famille, dans ce qui pourrait nous inquiéter de sa façon de vivre, se fait très naturellement… Entre le conjoint rêvé et le conjoint réel, surgissent des différences qui peuvent être source de conflits, de déceptions réciproques. Mais tout conflit conjugal devrait nous renvoyer à nous-même très profondément. Car le choix amoureux n'est jamais un hasard, mais correspond à l'émergence de demandes, de désirs dont nous n'avons pas souvent conscience. Pourquoi n'ai-je pas vu ? Pourquoi ai-je mieux aimé ce trait de caractère, cette façon de vivre qui m'agace maintenant ? Le choix du conjoint est toujours une révélation de soi-même. Si donc à travers et par la relation conjugale, chacun se révèle à lui-même et à l'autre non seulement comme homme et femme mais, avec l'arrivée des enfants, comme père et mère, on comprend qu'une vie de couple ne soit pas une morne plaine où l'on risquerait de s'ennuyer mais s'apparente plutôt à un parcours sportif - parfois très sportif !

Il n'est pas de sportifs sérieux qui ne s'entraînent pas, qui ne réfléchissent pas aux meilleures conditions pour mener à bien leurs projets, et ceux qui ne comptent que sur leurs talents naturels s'en repentent souvent très vite. Mais la spécificité du couple, qui est à la fois sa richesse et sa fragilité, repose sur l'interdépendance des époux, leur alliance fondamentale qui conditionne leur volonté de s'entraider, de lutter ensemble pour réussir leur vie commune.

La collusion de crise personnelle et d'épreuves extérieures peut expliquer certains échecs. Aucun des conjoints n'a plus alors ni l'énergie ni la lucidité, le recul nécessaire pour trouver une évolution relative, un accord minimum. Mais beaucoup d'échecs de couple n'ont finalement d'autres vraies raisons que la lassitude, le désenchantement, la perte de désir, au moins pour l'un des deux. Si, au départ, le choix conjugal repose essentiellement sur la recherche de son seul bien-être, de son propre bonheur, si l'autre n'existe qu'en fonction de satisfactions narcissiques, alors la résistance à l'usure, aux désidéalisations mutuelles, n'a plus le fondement qui donne l'impulsion pour résoudre les conflits et sortir de la crise.

Le paradoxe du couple actuel, c'est qu'il redoute ce qui le fonde et lui garantit le plus sa réussite. En effet, les séparations et les divorces étant très fréquents, les jeunes et les moins jeunes ont de plus en plus peur de s'engager pour la vie. Ce faisant, ils créent forcément des couples fragiles sans fondement pour leur permettre de résister au temps et pour se renouveler. La peur de faire confiance dans son propre devenir, la peur de faire confiance à l'autre, rendent caducs le mariage et la vigilance nécessaire pour rester fidèle à cet engagement. Si l'on ajoute cette idée un peu simpliste mais récurrente que le bonheur est donné et non acquis et conquis au prix d'efforts réciproques, nous avons les causes les plus fréquentes de l'échec. Au contraire, un conflit résolu, une crise surmontée, rendent le couple plus solide et plus apte à profiter pleinement de son bonheur.

Extrait du n° 147/148 d'Alliance : Crises et conflits

 
 
   

 

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Dernière mise à jour : Eklesia.net Samedi 12 Août 2006