VIVRE DE L'ESPRIT DANS MON CORPS
1°/ La conscience respiratoire
Le corps est pour moi un espace de silence et de paix où le coeur de Dieu vit dans mon coeur d'homme, c'est du moins ma croyance.
Le corps de l'homme représente une étape décisive dans l'évolution de la création. Il se dresse laborieusement debout, passant de l'horizontale à la verticale, comme pour émerger du flux du temps et des contingences de l'histoire. Il rassemble sur le même axe de vie les trois centres de gravité que sont le bassin, le thorax et la tête. L'assise (...) dit symboliquement sa vocation de lien entre le ciel et la terre, entre la matière et l'esprit.
Vivre de l'esprit dans mon corps, c'est d'abord lui reconnaître sa juste valeur, c'est le respecter infiniment. Respecter mon corps et tout autant le corps de l'autre, le corps des autres.
Le corps est un espace de vie toujours dynamique, toujours orienté à la fois vers l'extérieur, vers l'événement, vers l'autre, et simultanément vers l'intérieur, vers l'avènement de lui-même à lui-même. La plus grande extension de l'être n'a de sens qu'à partir d'un enracinement profond en son centre, selon Durckheim ; l'homme ne se construit-il pas par son centre ?
C'est aussi le message que nous donne saint Benoît lorsqu'il nous parle du silence et de la discrétion : « Après l'oeuvre de Dieu (c'est-à-dire l'office divin), tous les frères sortiront dans un profond silence (chap. 52). Tout se fera avec une extrême gravité et une parfaite retenue (chap. 42). » Après l'office divin, le moine essaie de garder le silence intérieur en lequel s'est déroulée la liturgie qui vient de s'achever, pour que la présence de Dieu se déploie librement dans son coeur.
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