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Se libérer des fausses idées de l'amour.
(Suite) Par le père Benoit Sevenier, eudiste
L'amour passion est une illusion souvent trompeuse. En général cet amour est rapide, et il est vécu dans des endroits fabuleux. Mais on ne va pas vivre toute une existence sous les cocotiers ! L'autre, un jour « perd son bronzage ». Les films d'amour sont sur ce modèle. Rarement on y voit des tas de chemises à repasser, de la vaisselle dans les éviers. On n'évoque pas encore le problème de la couverture supplémentaire qui « étouffe » l'autre, il n'est pas question du rangement. C'est un moment de l'amour où notre raison n'est pas intégrée, un peu comme si l'on pouvait aimer qu'avec une partie de notre être. Les médiations du temps et de l'espace disparaissent. Aimer, c'est aussi savoir parler des petites choses de la vie la plus quotidienne. Il y a là un enjeu : vivre incarné !
Celui que j'aime n'est pas celui dont j'ai rêvé. On a souvent tendance à attendre un « prince charmant », à rêver celui ou celle qui sera notre conjoint pour toute la vie. Comme dans les contes de fées. Pourtant, l'autre n'est pas un rêve mais une personne. Il faut savoir faire le deuil de l'image idéale du conjoint pour accueillir celui ou celle qu'il m'est donné d'aimer.
Le miroir : je suis heureux car « on n'a pas besoin de se parler », on partage les mêmes vibrations, les mêmes émotions. C'est l'amour fusionnel.
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On peut aussi croire au Puzzle : l'autre est le complément. Il est timide, elle est autoritaire. Mes contours en creux sont comblés par ses contours en pleins. Deux pièces parfaitement ajustées. Ce coup de foudre, cet éblouissement, cette impression de prédestination sont autant de vécus émotionnels intenses qui, restaurant le narcissisme de chacun, créent l'union du couple. Dans les deux cas, on « ne fait qu'un », on cherche le même ou la correction de ses propres défauts. Sacha Guitry disait : « Etre un... lequel va disparaître ? » Je fuis la solitude ou l'atmosphère de ma famille. L'autre ici m'est utile en fait, en fonction de ce qu'il me renvoit. En fait, je ne choisis pas l'autre parce que c'est lui, je le choisis en fonction de moi pour satisfaire mes besoins. Je le considère comme un objet, un instrument au service d'une illusion de bonheur. C'est différent de la phrase du mariage : « je te reçois... » je te reçois tel que tu es !... et non comme une sorte de complément d'objet direct ! Mon choix n'est pas libre en fait, il est avant tout une recherche de moi-même. Suis-je capable de renoncer à un partenaire comblant ? Quelle est ma capacité à accepter mes propres failles ? De quelle souplesse suis-je capable pour modifier mes attentes ? Comment est-ce que j'affronte le réel ?
Suite
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