La revue Alliance

  Coordonnées
  Index des numéros
  Index thématique
  Sommaire numéros
  Abonnement

 

Articles en ligne

 

  Dialogue en couple

  Face à l'homo-
 sexualité
 (X.Thevenot)


  Le Conflit,
 échec ou défi
  (D. Balmelle)


  Quelques critères
  de choix
  (D. Sonet)


  La tendresse
 est-elle l'amour ?
  (X. Lacroix)''

 retour
Vous êtes ici : PMC/ Chemins / La revue Alliance / Les numéros...

 

 
La tendresse est-elle l'amour ?

par Xavier Lacroix

Mais qu'avons-nous tous, pauvres humains, à vouloir nous serrer les uns contre les autres ? (1) Le désir de tendresse, qui s'apparente parfois à un besoin, est profondément ancré dans le coeur de chacun. Même si ce désir a une histoire, même si notre culture le valorise particulièrement, il correspond incontestablement à un trait humain universel. (...) Les jeunes s'en bercent et la cultivent de plus en plus tôt. Les amoureux sont regardés avec attendrissement. Mais est-ce bien d'amour qu'il s'agit alors ? Reconnaître le prix de ce qui advient dans la tendresse ne doit pas empêcher d'oser interroger celle-ci de façon critique. Car, si la tendresse est le premier nom de l'amour, elle n'en est sans doute pas le dernier.

Quand le coeur s'attendrit

« Tendresse » vient de tendre. L'adjectif dit la merveille qui advient lorsque le coeur de l'homme et de la femme, de dur qu'il était, devient sensible, vulnérable. Lorsque le coeur de pierre devient coeur de chair ( Ezéchiel 36,26 ). Chair et tendresse ont cela de commun: la vulnérabilité. (...) Dans la tendresse, deux faiblesses entrent en résonance et se reconnaissent.

La tendresse est promixité. L'autre devient proche, sensiblement et réellement. L'aimée prend corps et chair, fragile et forte à la fois, porteuse de la palpitation impressionnante de la vie. Une intimité sans équivalence s'établit entre deux êtres qui, naguère, étaient étrangers. Un pont est jeté au-dessus de l'abîme. Sans se confondre alors, le désir et la tendresse s'entretiennent mutuellement. L'autre devient chair et cher(e) en même temps (2).

La tendresse introduit dans la relation une dimension nouvelle par rapport à la parole. Au-delà (ou en deçà) des mots, un débordement, une émotion, à mi-chemin entre sensation et sentiment. Peu importe ce qui est dit ou fait. La présence importe plus que les projets, l'être plus que l'agir. L'unicité de la personne de l'autre n'est pas seulement un postulat ou un objet de foi, elle devient quasi sensible, certaine, bouleversante.

Son visage, son corps, tout son être acquièrent un prix sans égal, sa vie devient aussi précieuse que la mienne.

La tendresse de l'amour

Tout cela arrive comme une grâce, c'est-à-dire comme un cadeau, gratuitement. Comme tout lien humain cependant, la tendresse est beaucoup moins limpide lorsqu'elle est recherchée pour elle-même ou lorsque l'on s'y installe avec complaisance. La quête de tendresse, en effet, est toujours peu ou prou une quête de soi. Quête de reconnaissance, confirmation de sa valeur, sentiment de sécurité affective. Désirs bien légitimes, certes, mais qui, s'ils sont dominants, peuvent révéler une certaine immaturité ou une incapacité à accéder à des relations plus exigeantes. A des nourritures plus fortes.

C'est sans doute pour cela que Tony Anatrella dit souvent que la tendresse n'est pas l'amour (3). Même si leurs points communs sont nombreux, même si la tendresse est incontestablement un des noms de l'amour, elle demeure un sentiment. L'amour, au sens plénier, est encore autre chose. Une orientation, un acte, un vouloir. Aimer, c'est vouloir l'autre comme sujet (4). (...) L'amour n'est pas seulement une palpitation du coeur; il est oeuvre, construction, engagement. Oserons-nous rappeler que les moralistes anciens le classaient, avec l'amitié, parmi les vertus ? (...)

La tendresse doit donc être appréciée à sa juste place. En reconnaître la saveur incomparable ne signifie pas céder aux engouements ou aux propos inflationnistes qui l'érigent en modèle de toutes les relations humaines. L'amour d'amitié et l'amour de charité sont d'une autre nature. Et toute relation humaine valable ne passe pas par l'amour ! Avoir un faible pour autrui peut être le commencement de beaucoup de choses, mais savoir se nourrir du pain des forts est aussi dans notre vocation.

(Extrait de l'article paru dans la Revue Alliance N° 91 : La tendresse )

Docteur en théologie. Directeur de l'institut des Sciences de la Famille de Lyon.

Ouvrages de X. Lacroix

© Alliance - 1998/9 (avec les remerciements de PMC)

 

Pprécédentehomepsuivante

 
 
   

 

Copyright : Eklesia.net 2000-6 ...

Dernière mise à jour : Eklesia.net Lundi 17 Juillet 2006