Vous avez dit bénévoles ? Alors qu'il y a tant de chômeurs ! Dans notre société marchande où tout a du prix, même quand ils sont " cassés ", on remarque que la publicité pour les rendre encore plus attrayants a trouvé le moyen de leur accoler des " cadeaux " plus ou moins réels. C'est l'aveu inconscient que la gratuité serait encore largement préférable.
Cette mise en question du bénévole est due à la gêne que l'on éprouve à recevoir. Il y a plus de plaisir à donner qu'à recevoir. Mais chacun sent bien que les rapports humains ne peuvent être uniquement fondés sur l'intérêt. Dire merci nous écorche la bouche parce que nous avons peur de nous sentir inférieurs. Si les motivations des bénévoles, agissant soit en couple soit individuellement, peuvent cacher parfois une recherche de pouvoir ou bien un vide à combler, il n'en reste pas moins vrai qu'ils donnent, et que le don gratuit fait vivre. Il amorce un échange. D'ailleurs gratis signifie remerciement. C'est déjà le retour, le contredon en échange du don, la relation qui nous fait exister, en dehors du pouvoir, en dehors de l'argent.
Le lecteur remarquera dans ce numéro d'Alliance l'abondance des témoignages, plus importants que les articles de fond. Un mot y revient sans cesse: humilité. L'expérience concrète du bénévole lui apprend que, même lorsqu'il a une compétence à transmettre, un service à rendre, il apprend toujours quelque chose de celui auquel il s'adresse. Il n'y a plus ni supérieur, ni inférieur. Un courant d'échange passe dont chacun sort en se sentant mieux être.
Evidemment cet investissement dans le don ne peut se faire aux dépens de la vie conjugale et familiale. Le bénévole ne donne que sa surabondance. A chacun de savoir connaître ses limites. Si le service rendu n'a pas de prix, c'est la preuve qu'il est au-delà du don purement humain, une réalité divine. Gratis pro Deo se traduit par: grâces en soient rendues à Dieu.