Croire, c'est un peu s'abandonner soi-même ?
La confiance, comme le montre Abraham (Gn 12, 1-2) lorsqu'il accepte de quitter famille et terres pour l'inconnu est liée à l'abandon. Abandonner son emprise sur soi-même pour laisser place au don. Se fier à l'autre sur son propre avenir. Laisser place à l'autre sur sa vie. Est-ce une perte de liberté ? Oui; peut-être au premier niveau ! Mais pas lorsque l'on définit la liberté comme un choix structuré et responsable. Car il s'agit de s'abandonner à un être qui nous dépasse et dont nous voulons adhérer aux valeurs (et non une soumission à une secte et à des hommes...)
Abandon ne signifie d'ailleurs ni aliénation ni perte de conscience ni crédulité. La conscience éclairée de chacun est, en dernier ressort, le guide dans la foi. Loin d'un abandon au sensible seul, un véritable cheminement de foi reste une conjugaison entre savoir et croire, un balancier entre subjectif et objectif, marqué par la tempérance et le discernement.
Un Dieu personnellement rencontré ?
Pour se fier à Dieu, pour que le croire soit possible, il faut avoir fait l'expérience de Dieu. Non dans sa totalité, mais en cernant, approchant, la réalité d'un Dieu dont l'infini continue de nous dépasser. C'est pourquoi une religion du Livre présente l'avantage d'une « cristallisation », d'un écrit qui nous parle.
Plus encore, les chrétiens font l'expérience en Jésus d'une « incarnation », c'est à dire d'une personnification dans un homme de la personne divine. Jésus, c'est d'abord un homme extraordinaire dont le message accomplit et révolutionne à la fois une tradition millénaire. Mais, plus encore, pour les chrétiens, Jésus (dont le Nouveau-Testament et plus spécialement l'Evangile raconte la vie et transmet le message) est la plus haute image humaine de Dieu et en même temps plus qu'un homme : Dieu, fils de Dieu et « Verbe » de Dieu. On dit qu'il est l'unique médiateur entre Dieu et les hommes.
|